Les pilotes grévistes réclament des revalorisations salariales

Depuis le 14 juillet, les pilotes grévistes des filiales d’Air Antilles et Air Guyane, appartenant à la Compagnie aérienne interrégionale express (Caire), demandent la mise en œuvre des revalorisations salariales accordées lors d’un précédent conflit en décembre dernier. Selon eux, ces augmentations n’ont pas été respectées. Le PDG du groupe, Eric Koury, justifie le refus de ces exigences par l’endettement de l’entreprise. Il a même déposé une demande de cessation de paiement et de liquidation judiciaire de l’entreprise, qui doit être examinée par le tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre.

Un mouvement de grève prolongé

Deux semaines après le début de la grève des pilotes d’Air Antilles, aucun accord n’a encore été trouvé. Les personnels navigants commerciaux ont également rejoint le mouvement de grève le 27 juillet dernier. Malgré les tentatives de médiation, aucune avancée significative n’a été réalisée pour le moment. Une quatrième réunion de médiation est prévue aujourd’hui.

Impact sur les passagers et les liaisons aériennes

La grève, qui a commencé pendant les vacances d’été, laisse de nombreux voyageurs sans solution dans les îles caribéennes desservies par Air Antilles et Air Guyane. Certaines communes guyanaises isolées ont même dû affréter un hélicoptère pour assurer le transport. Air Antilles est la principale compagnie aérienne reliant les îles caribéennes non françaises depuis la Guadeloupe et la Martinique. Cependant, l’alliance CaribSky, dont elle fait partie, connaît des difficultés depuis la fermeture de la compagnie Liat en 2020 et les problèmes rencontrés par Winair après la pandémie de Covid-19.

Enjeux économiques et emplois en danger

La disparition d’Air Antilles et d’Air Guyane aurait un impact considérable sur les prix des billets d’avion, en réduisant le nombre d’acteurs sur le marché, y compris pour les liaisons vers les territoires français. Les tarifs sont déjà élevés, suite à une entente entre plusieurs compagnies, dénoncée par l’Autorité de la concurrence en mars dernier. Les syndicats des pilotes de ligne réclament une augmentation de rémunération d’environ 15%, arguant que les salaires proposés sont parmi les plus bas du marché. Cependant, le PDG de la compagnie estime que de telles demandes seraient insoutenables compte tenu de la situation financière déjà précaire de l’entreprise, qui a bénéficié d’aides de l’État pendant la pandémie.

Conséquences politiques et perspectives d’avenir

Le président de la région Guadeloupe, Ary Chalus, estime qu’il ne faut pas toujours compter sur les collectivités pour renflouer une entreprise privée. Cependant, il a entamé des échanges avec les États membres de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) pour discuter de l’avenir du transport aérien dans la région. Certains politiciens et économistes craignent la disparition d’Air Antilles et d’Air Guyane, qui pourrait entraîner une augmentation des prix des billets d’avion et réduire l’offre de transport vers les territoires français. Dans l’espoir de préserver les emplois et de maintenir une desserte aérienne dans la région, des discussions sont en cours pour la création éventuelle d’une nouvelle compagnie aérienne caribéenne.

Source : RCI