Des migrants haïtiens décédés en République dominicaine non réclamés par leurs familles

Un accident tragique survenu le 7 août en République dominicaine a coûté la vie à treize migrants haïtiens qui tentaient d’entrer clandestinement dans le pays. Cependant, neuf d’entre eux n’ont pas été réclamés par leurs familles par crainte des autorités, selon une ONG.

Les dépouilles des migrants se trouvent actuellement à la morgue de Santiago, à 150 km au nord de la capitale Saint-Domingue. Malheureusement, seuls quatre corps ont été retirés par leurs proches, selon Francisco Gerdo Rosales, directeur de l’Institut national médico-légal.

La peur des autorités dominicaines

Joseph Cherubin, président de l’ONG Mouvement socioculturel des travailleurs haïtiens (MOSPA), explique que cette situation est due à la peur des familles face aux autorités dominicaines. En effet, le gouvernement a procédé à une déportation massive de 120 000 migrants étrangers l’année dernière, principalement des Haïtiens. Cette politique répressive a engendré une méfiance et une crainte légitime chez les familles qui n’osent pas réclamer les corps de leurs proches décédés.

Il est important de souligner que la morgue demande une pièce d’identité à la personne qui souhaite réclamer le corps, mais cela sert uniquement à des fins de contrôle, et non pour connaître le statut migratoire de la famille. Cependant, l’identification des Haïtiens est souvent précaire, car ils entreprennent le voyage avec très peu de documents.

Si personne ne réclame les corps dans les deux à trois mois à venir, ils seront enterrés, a précisé le responsable de l’Institut national médico-légal.

La situation en Haïti

Haïti est l’un des pays les plus pauvres de la planète et traverse une crise économique et politique depuis de nombreuses années. La violence des gangs aggrave encore davantage la situation. Face à ces difficultés, de nombreux Haïtiens tentent de trouver du travail en République dominicaine, qui est beaucoup plus prospère et partage l’île d’Hispaniola avec Haïti.

Cependant, Saint-Domingue a durci sa politique d’immigration ces dernières années, multipliant les opérations de démantèlement et construisant un mur à la frontière. Cette politique restrictive rend la situation des migrants encore plus précaire et augmente les risques qu’ils prennent pour tenter de trouver une vie meilleure.

Source : RCI