La persistance du sexisme en France

La nouvelle campagne de sensibilisation du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes met en avant un message fort : « Faisons du sexisme de l’histoire ancienne ! ». Cependant, malgré les efforts déployés, les stéréotypes alimentant le sexisme en France persistent et même progressent.

Un rapport récent du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes révèle que 92% de la population estime que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins un domaine de la société. Le sexisme demeure donc une réalité grave, qui affecte la vie quotidienne des femmes dans tous les aspects de leur vie.

Un exemple frappant est que 70% des hommes pensent encore qu’un homme doit subvenir financièrement aux besoins de sa famille pour être respecté dans la société, et cette opinion est partagée par 63% des femmes. De plus, un quart des hommes âgés de 25 à 34 ans estime qu’il est parfois nécessaire d’être violent pour se faire respecter, et 31% pensent qu’ils doivent savoir se battre.

Il est également intéressant de noter que 78% des femmes estiment qu’elles doivent être sérieuses pour correspondre aux attentes de la société, une opinion partagée par 70% des hommes. De plus, 60% des femmes pensent qu’elles doivent être discrètes, et 52% estiment qu’elles doivent avoir des enfants.

La progression des stéréotypes

Le rapport du Haut conseil à l’égalité met en évidence une ancrage croissant des clichés de genre. Par exemple, l’idée selon laquelle « il est plus difficile pour les hommes de pleurer que pour les femmes » gagne en popularité, atteignant 42%. De même, l’idée que les hommes sont meilleurs en mathématiques gagne du terrain avec 17%. On constate également une augmentation de 4 points de l’idée selon laquelle la contraception est une affaire de femme (26%), et de l’idée que le barbecue est une affaire d’homme (26%). De plus, plus d’un homme sur cinq âgé de 25 à 34 ans considère comme normal d’avoir un salaire supérieur à celui de sa collègue occupant le même poste.

En ce qui concerne les clichés ancrés chez les femmes, l’idée selon laquelle elles sont « naturellement plus douces que les hommes » progresse, atteignant 53%. L’idée selon laquelle il est normal qu’elles s’arrêtent pour s’occuper de leurs enfants gagne également du terrain, avec 34%.

Face au sexisme, les femmes prennent de plus en plus conscience qu’elles doivent parfois renoncer à leur liberté. Ainsi, 9 femmes sur 10 déclarent renoncer à des actions ou modifier leur comportement pour éviter d’être victimes de sexisme.

Le sexisme sur Internet

Parallèlement, on assiste à une montée du masculinisme et à un retour d’injonctions conservatrices. Cela se manifeste notamment à travers les nombreux hashtags sur les réseaux sociaux tels que « tradwif » (femme traditionnelle) et « stayathomegirlfriend » (petite amie au foyer).

Ces chiffres sont en contradiction avec la progression de l’affichage antisexiste, notamment en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles. En effet, le sexisme alimente ces violences qui persistent en France. Ainsi, 37% des femmes déclarent avoir déjà vécu une situation de non-consentement.

En ligne, 75% des femmes estiment ne pas être traitées à égalité, ce qui est corroboré par les contenus les plus populaires sur Instagram, où 68% des vidéos véhiculent des stéréotypes assignant les femmes à la maternité. De plus, les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence, que 64% des hommes âgés de 25 à 34 ans déclarent imiter dans leurs relations sexuelles.

S’attaquer aux racines du sexisme

Cette étude met en évidence la nécessité de combattre le sexisme dès le plus jeune âge, notamment en constatant que 92% des vidéos destinées aux enfants contiennent des stéréotypes de genre. Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes recommande donc d’éduquer à l’égalité grâce à des programmes de sensibilisation adaptés, de réguler la présence et l’image des femmes dans le domaine du numérique, et de sanctionner le sexisme en faisant du délit de sexisme un véritable outil juridique pour le condamner.

Source : RCI