Rapport Unicef : Inégalités frappantes entre l’Hexagone et les CTOM
À l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’enfant, l’Unicef publie un rapport mettant en lumière les inégalités qui persistent entre l’Hexagone et les collectivités territoriales d’Outre-Mer (CTOM) dans la mise en œuvre des droits de l’enfant. Ce rapport est le fruit d’une étude approfondie des politiques publiques, d’une revue statistique et de témoignages inédits concernant la situation de 1,2 million d’enfants vivant en Outre-Mer.
Une pauvreté endémique
Les CTOM, qui représentent seulement 3 % de la population nationale, abritent 24 % des personnes en situation de grande pauvreté. Par exemple, près de la moitié des enfants à La Réunion vivent dans la pauvreté, tandis que ce chiffre monte à 6 enfants sur 10 en Guyane et 8 sur 10 à Mayotte. En comparaison, seulement 2 enfants sur 10 sont pauvres dans l’Hexagone.
Cette pauvreté infantile a des conséquences désastreuses sur les conditions de vie et le bien-être des enfants, notamment en termes de santé, de réussite scolaire et d’accès aux services de protection. De plus, l’éloignement et les difficultés d’accès aux biens et services essentiels contribuent à entraver l’effectivité des droits de l’enfant. Les situations de mal-logement sont particulièrement révélatrices de cette réalité, avec un nombre important de logements indignes dans les CTOM, touchant des centaines de milliers de personnes.
L’accès difficile à des soins de santé de qualité
Les facteurs environnementaux, tels que la crise de l’eau dans certains territoires, aggravent encore la situation. De plus, le système de santé défaillant et le taux élevé de non-recours aux soins ont des répercussions néfastes sur la santé physique et mentale des enfants. Par exemple, le taux de mortalité infantile est nettement plus élevé dans les CTOM par rapport à l’Hexagone. De plus, les problématiques liées aux grossesses précoces, aux troubles psychiques et aux maladies d’origine hydrique sont exacerbées dans ces territoires.
Inégalités sur l’éducation
L’accès à l’éducation est également marqué par des inégalités. Bien que les CTOM abritent 6 % de la population française en âge scolaire, de nombreux enfants ne sont pas scolarisés en raison de freins administratifs, de pratiques discriminatoires, de l’éloignement géographique des établissements scolaires ou d’une prise en compte inadéquate du plurilinguisme des élèves. Par conséquent, on estime que près de 10 000 enfants en Guyane et entre 5 379 et 9 575 enfants à Mayotte ne sont pas scolarisés. De plus, la langue d’enseignement inadaptée aux élèves allophones a un impact direct sur leurs compétences et leur réussite scolaire.
Des enfants moins protégés
Les CTOM sont également confrontées à une prévalence élevée de violences intrafamiliales, de violences sexuelles et sexistes. La grande précarité économique, la promiscuité dans les logements, les taux élevés d’addictions et les violences éducatives ordinaires contribuent à cette réalité. Malheureusement, les dispositifs de protection de l’enfance manquent de moyens pour accomplir leur mission. De plus, les enfants d’origine étrangère ou en situation de migration sont souvent victimes de violations de leurs droits en raison des régimes dérogatoires appliqués dans les CTOM.
L’appel à des engagements forts
L’Unicef France souligne l’urgence d’agir pour combler les écarts entre l’Hexagone et les CTOM. Le rapport se termine par une série de recommandations politiques à destination des pouvoirs publics locaux et nationaux, afin de mettre en place des actions concrètes pour garantir l’effectivité des droits de l’enfant. La présidente de l’Unicef France, Adeline Hazan, insiste sur l’importance d’agir pour assurer un accès égal aux droits de tous les enfants, indépendamment de leur lieu de résidence, car cela contribue à construire une société plus juste aujourd’hui et à investir dans nos sociétés futures.
Source : RCI