La situation régionale des trafics de drogues

La commission d’enquête sénatoriale sur les narcotrafics a continué ses auditions ce lundi avec une table ronde sur l’action internationale de la France dans ce domaine. Parmi les intervenants figurait Frédéric de Touchet, chef de mission Mexique, Amérique centrale et Caraïbes au Ministère des Affaires étrangères. Il a dressé un état des lieux de la situation régionale concernant les trafics de drogues.

La région de l’Amérique centrale et des Caraïbes est généralement considérée comme une zone de transit ou de rebond pour les trafiquants de drogues. Cependant, cette typologie est en train de changer. Il semblerait qu’il y ait des plantations de coca au Honduras et au Guatemala. De plus, ces producteurs sont également touchés par la diversification des sources de réexportation, notamment vers l’Europe via les Caraïbes. Par conséquent, cela concerne directement nos collectivités de la région, à savoir la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane.

Les différentes approches de lutte contre le narco-trafic

Lors de son audition, Frédéric de Touchet a comparé les différentes approches de lutte contre le narco-trafic et leurs conséquences violentes.

Dans les pays d’Amérique centrale, la tentation de l’état d’urgence et de la réponse musclée est de plus en plus présente. Par exemple, au Salvador, sur une population de plus de 5 millions d’habitants, il y a eu 70 000 arrestations et toutes les bandes présumées ont été incarcérées. Les résultats ont permis de rétablir la sécurité et de faire baisser le taux de criminalité. Le Honduras a suivi cet exemple avec des mesures d’état d’urgence dans certaines zones, tout comme la Jamaïque en décembre 2022. Il est également intéressant de noter que des pays relativement préservés jusqu’à présent, comme le Panama et le Costa Rica, sont de plus en plus touchés.

La coopération régionale et les opérations des forces armées

Frédéric de Touchet a également souligné lors de son audition l’importance de la coopération régionale, en coordination avec les Attachés de Sécurité Intérieure (ASI) présents dans les ambassades, ainsi que l’importance des opérations des forces armées aux Antilles.

La Marine nationale basée aux Antilles a enregistré une très forte augmentation des prises en mer, avec onze tonnes de cocaïne récupérées en 2023. Face à cette évolution, la réponse est multiple. Sur le plan diplomatique, la France a des accords de coopération contre le narcotrafic avec le Mexique. Des négociations sont également en cours avec plusieurs pays pour des accords de coopération judiciaire et pénale. Sur le plan opérationnel, le dispositif repose principalement sur le réseau des ASI, ainsi que sur le bureau de l’OFAST, en particulier en Martinique, qui dispose désormais d’une antenne à Sainte-Lucie. Une nouvelle qui témoigne de la montée en puissance du dispositif est la prochaine nomination d’un magistrat de liaison basé à Castries, avec une compétence élargie au-delà de la Caraïbe.

Source : RCI