Procès du trafic de stupéfiants : une issue incertaine

Après une semaine de procès devant la 10e chambre de correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, l’issue de cette affaire de trafic de stupéfiants entre la Guyane et la France reste très incertaine. Ce dossier complexe, qui a duré 10 ans, rend difficile l’identification précise des responsabilités de chacun. Les avocats des différents prévenus ont également rejeté la faute sur les autres lors des plaidoiries du mardi.

Les réquisitions du procureur de la République

Lors du procès, le procureur de la République a reconnu la responsabilité des deux haut-gradés, accusés d’avoir favorisé le réseau en 2013 afin d’augmenter les saisies réalisées par l’OCRTIS (devenue OFAST en 2019). Il a qualifié leur rôle d’important et anormal, regrettant qu’ils aient permis l’achat de produits stupéfiants pour la revente en France, sachant les dégâts qu’ils causent. Le procureur a notamment souligné que Stéphane Lapeyre et Jocelyn Berret avaient restitué une somme de 80 000 euros à leur intermédiaire, qui avait été intercepté par les douanes lors de la première tentative de transfert des fonds vers la Guyane. Cet intermédiaire, surnommé « Marc » mais dont le vrai nom est Lionel K., aurait utilisé une fausse pièce d’identité, peut-être fournie par les policiers eux-mêmes.

Le procureur a requis deux ans de prison avec sursis pour les deux policiers, ainsi qu’une amende douanière solidaire de 745 000 euros pour tous les prévenus. Cependant, les autres mis en cause risquent des peines plus lourdes. Lionel K., en lien direct avec les policiers, est menacé de trois ans avec sursis et d’une amende de 30 000 euros. Certains opérateurs du réseau, qui n’étaient pas au courant de l’implication policière, pourraient être condamnés à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Un mandat d’arrêt a été émis contre le complice de Lionel K., qui n’a pas assisté au procès.

Plaidoiries contradictoires

Les réquisitions différenciées ont provoqué des plaidoiries animées de la part des avocats. Les conseils des opérateurs du réseau ont déploré la position du procureur, affirmant que ce trafic avait été mis en place par les policiers. Ils ont accusé ces derniers d’avoir « cherché des pauvres gens pour faire du chiffre » et ont qualifié le dossier de « vicié ». Les avocats de la défense ont également remis en question l’origine des 80 000 euros restitués et l’utilisation d’une fausse pièce d’identité.

La défense des policiers

Les avocats de Stéphane Lapeyre et Jocelyn Berret ont qualifié ce dossier d' »aberrant » et ont dénoncé un « malaise » dans la procédure. Ils ont affirmé qu’il y avait eu des erreurs d’appréciation, mais pas d’infraction pénale pour alimenter un trafic. Ils ont souligné l’existence préalable du trafic et la volonté de ne pas réduire tous les efforts à néant en restituant les 80 000 euros. La décision de la 10e chambre correctionnelle sera rendue le 20 décembre prochain.

Source : RCI