Une étude révèle des préjugés chez les soignants

Une enquête réalisée auprès de plus de 1500 soignants provenant de différentes villes de l’Hexagone, de Belgique, de Suisse et de Monaco s’est penchée sur l’existence de préjugés dans le triage aux urgences. Les participants devaient évaluer un cas factice en fonction du genre et de l’origine ethnique de la personne. Les résultats de l’étude ont été surprenants.

Des différences de traitement en fonction du genre et de l’origine ethnique

Le professeur Xavier Bobbia, chef du service des urgences du Chu de Montpellier et coordinateur de l’enquête, a constaté que les soignants évaluaient plus gravement les symptômes d’un homme par rapport à une femme. De plus, ils sous-évaluaient les symptômes d’une femme d’apparence noire par rapport à d’autres apparences ethniques. Ces conclusions ont provoqué une prise de conscience chez les participants.

Pistes pour changer les choses

Le professeur Bobbia souligne qu’il n’y a aucune raison médicale justifiant ces différences de traitement. Selon lui, les préjugés des soignants sont liés aux préjugés de la société dans laquelle ils vivent. Il propose trois solutions pour remédier à cette situation. Tout d’abord, il faut informer les soignants sur ces facteurs humains et leurs préjugés. Ensuite, il est nécessaire de les sensibiliser à ces problématiques dès leur formation. Enfin, les soignants doivent se baser sur des éléments objectifs tels que la pression artérielle ou la fréquence cardiaque pour évaluer la gravité d’une situation.

Une étude réalisée grâce à l’intelligence artificielle

En France, les études ethniques basées sur des cas réels sont interdites par la loi. Cependant, grâce à l’imagerie générée par l’intelligence artificielle, il a été possible de mener cette vaste enquête. Les images créées par l’intelligence artificielle ont permis d’éviter les biais liés aux apparences ethniques. Le professeur Bobbia est convaincu de l’utilité du machine learning et de l’intelligence artificielle dans le domaine médical. Il travaille actuellement sur la création de réseaux de neurones qui pourront prédire l’évolution des patients et alerter les soignants en cas de situation grave.

Limites de l’étude et perspectives

L’étude a été réalisée en France hexagonale, ce qui permet d’avoir une représentativité sur le territoire européen et francophone. Cependant, il serait intéressant d’étendre cette recherche à d’autres territoires, tels que la Martinique ou la Guadeloupe, pour évaluer si les mêmes préjugés existent. Par ailleurs, le professeur Bobbia mène actuellement une étude multicentrique visant à analyser les paramètres des patients aux urgences et à prédire leur évolution grâce à l’intelligence artificielle.

En conclusion, cette enquête met en lumière les préjugés existants chez les soignants en matière de triage aux urgences. Les résultats ont suscité une prise de conscience et des pistes sont envisagées pour changer ces pratiques. L’utilisation de l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine médical.

Source : RCI