La migration des Ultramarins vers l’hexagone

Entre 1963 et 1981, plus de 70.000 originaires des départements d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Réunion) ont quitté leur île pour s’installer en métropole. Cette migration, souvent définitive, a été encouragée par le Bumidom, créé par Michel Debré, premier ministre du Général de Gaulle. Les Ultramarins espéraient ainsi une vie meilleure, mais ont souvent été déçus par l’absence d’accompagnement, la rupture culturelle, le racisme et des perspectives professionnelles décevantes. Le Bumidom a ensuite été remplacé par l’ANT, puis LADOM, avec de nouvelles responsabilités.

Les conséquences de cette migration

L’impact de la migration des Ultramarins a été tellement fort qu’elle est encore considérée comme un sujet tabou au sein de la diaspora. Les migrants se sont retrouvés tiraillés entre l’hexagone où ils ne se sont jamais vraiment sentis chez eux et leur île où ils n’étaient plus considérés comme des originaires. Guilaine Mondor, présidente de l’association Sonjé, a organisé un colloque à l’Assemblée nationale et réalisé un documentaire sur le Bumidom, mettant en évidence les difficultés rencontrées pour aborder ce sujet.

Des histoires tragiques

Si certains ont réussi leur vie en métropole, de nombreux Ultramarins ont vécu un déracinement douloureux, laissant des stigmates. Véronique Larose, une travailleuse sociale dont les parents sont issus de la migration, témoigne des conséquences tragiques : suicides, prostitution, troubles dépressifs et addictions. La souffrance liée à cet exil est bien réelle.

La nécessité de reconnaître ce passé méconnu

Olivier Serva, député guadeloupéen, a porté ce colloque à l’Assemblée dans le but de reconnaître nationalement cette période méconnue de l’histoire. Il compare cette migration à un syndrome post-traumatique, soulignant la nécessité de libérer la parole et de commémorer ce passé. La méconnaissance du Bumidom a été mise en évidence par Bertrand Pancher, député de l’hexagone, qui n’en avait jamais entendu parler. Il souligne l’importance de réconcilier tous les Français avec leur histoire pour mieux affronter l’avenir.

Source : RCI