Une condamnation de l’Etat pour les conditions de détention
Le tribunal administratif de la Guyane a récemment condamné l’Etat français à verser une somme de plus de 20 000 euros à un ancien détenu du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, près de Cayenne. Cette décision fait suite aux conditions de détention jugées indignes par le détenu, incarcéré à plusieurs reprises entre 2011 et 2023 dans cette prison.
Le principal motif de plainte du détenu porte sur la surpopulation carcérale, avec un espace individuel inférieur à 3 m2, qui est souvent mis en avant par les juges. L’avocate du détenu, Bérengère Denis, souligne également l’absence de séparation entre les sanitaires et le reste de la cellule, privant ainsi les détenus d’intimité. Elle dénonce également l’absence de soins adaptés et la présence de nuisibles.
Le ministère de la Justice, de son côté, a affirmé que les arguments du détenu n’étaient pas fondés. Cependant, le tribunal administratif a jugé la demande de réparation du préjudice moral du détenu recevable et a accordé une somme de plus de 20 000 euros, qui est considérée comme importante par l’avocate.
Plusieurs dossiers similaires en cours
Bérengère Denis s’occupe de quatre autres dossiers similaires liés à la prison de Rémire-Montjoly, qui seront jugés dans les prochains mois. Ces affaires mettent en lumière les conditions de détention problématiques de cet établissement pénitentiaire en Guyane.
En 2018, lors d’un contrôle en Guyane, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, avait déjà dénoncé les conditions « inhumaines » de détention et les « dysfonctionnements graves » observés dans cette prison. Elle avait alors adressé des recommandations urgentes aux ministres de la Santé et de la Justice.
Bien que certaines améliorations aient été constatées depuis ce contrôle, notamment suite aux recommandations de la contrôleure générale, la surpopulation carcérale reste un problème persistant dans ce centre pénitentiaire. Selon les chiffres du ministère de la Justice au 1er décembre 2023, la densité de population y est de 134,4%. Afin de remédier à cette situation, un deuxième centre pénitentiaire de 505 places est en projet à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville la plus peuplée de Guyane, dont l’ouverture est prévue pour 2026.
En conclusion, cette condamnation de l’Etat français pour les conditions de détention dans le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly met en lumière les problèmes persistants de surpopulation carcérale et d’indignité des conditions de vie des détenus en Guyane. Les dossiers similaires en cours soulignent l’ampleur du problème et la nécessité de prendre des mesures pour améliorer la situation dans cet établissement pénitentiaire.
Source : RCI