Retour à Lahaina : un désastre sans précédent

De retour chez lui, à Lahaina, sur l’île de Maui, Anthony La Puente est confronté à un spectacle déchirant : sa maison a été réduite en un tas de cendres encore chaudes. Les flammes n’ont épargné presque rien dans cette ancienne capitale du royaume d’Hawaï, connue pour son front de mer paradisiaque et son majestueux grand banian. La ville, autrefois animée par les danses traditionnelles et les touristes, est désormais un paysage de désolation.

La Puente, âgé de 44 ans, est abasourdi par la disparition de son foyer : « La seule chose que je peux dire, c’est que ça fait mal. C’est très éprouvant. C’est dur de ne pas pouvoir retrouver les choses avec lesquelles on a grandi, les choses dont on se souvient », confie-t-il à l’AFP.

Les autorités ont rouvert l’accès à Lahaina, permettant ainsi à des dizaines de personnes de retourner dans la ville. Mais ce qu’ils ont découvert est loin de l’ambiance de carte postale à laquelle ils étaient habitués. Les flammes ont réduit en cendres d’innombrables structures, laissant derrière elles des scènes de désolation qui témoignent de la violence des incendies.

« Les affaires de mon père » : un triste souvenir perdu

Dans les rues ravagées, on trouve les restes calcinés d’animaux domestiques, tels que des chats et des oiseaux. Les poteaux électriques détruits pendent dans le vide, et quelques petits foyers de braises continuent de brûler ici et là. Les habitations ont été réduites en tas de cendres grisâtres, encore fumantes, rappelant l’endroit où elles se dressaient autrefois.

Anthony La Puente fouille les décombres de son ancienne cuisine avec le cadre d’une chaise métallique en guise de pelle de fortune. Sous les cendres, il découvre une timbale tenace qui a miraculeusement survécu. Cependant, les boîtes de photos et les souvenirs de son père, défunt, ont été réduits en cendres. « J’avais emballé les affaires de mon père » en espérant pouvoir les trier un jour, explique-t-il avec tristesse, réalisant que cela ne sera jamais possible. « Il n’y a plus rien. »

Petits miracles au milieu des ruines

Malgré la désolation, certains témoignent de petits miracles. Chyna Cho retrouve sa voisine Amber Langdon et la serre dans ses bras avec émotion : « Tu as survécu ! », s’exclame-t-elle, après des jours de communication difficile sur l’île. Keith Todd, quant à lui, est stupéfait de voir que sa maison est le seul bâtiment encore debout dans son coin de rue, et que ses panneaux solaires continuent d’alimenter sa cuisine en électricité. Cependant, la plupart des habitants de Lahaina sont confrontés à la triste réalité de la destruction.

La ville a perdu une grande partie de son histoire et de son patrimoine. L’église catholique Maria Lanakila est intacte, surplombant les cendres de Waine’e Street. Les murs de pierre de la prison historique de Hale Pa’ahao sont toujours debout, mais le bâtiment en bois utilisé pour punir les marins indisciplinés a été anéanti. Les rues commerçantes, comme Front Street, ont été presque entièrement détruites, tandis que les bateaux dans le port de plaisance sont couverts de cendres ou ont coulé.

Le grand banian, symbole de Lahaina, est encore debout, mais il a perdu toutes ses feuilles et est noirci par la suie. Personne ne sait encore s’il pourra survivre à cette catastrophe. Ce qui est certain, c’est que la ville qu’il protégeait a disparu à jamais.

Source : RCI