Une autonomie pour la Corse
Emmanuel Macron a proposé jeudi à la Corse « une autonomie dans la République », tout en soulignant que cela ne se ferait pas « sans » ou « contre » l’État français. Selon lui, le statu quo serait un échec pour tous. Le président de la République a affirmé que l’entrée de la Corse dans la Constitution était nécessaire pour avancer vers cette autonomie. Il a également souligné que cette autonomie ne serait ni contre l’État, ni sans l’État.
Les demandes des nationalistes
Emmanuel Macron a répondu indirectement aux principales demandes des nationalistes corses, exprimées dans une résolution adoptée par l’Assemblée de Corse le 5 juillet dernier. Concernant la co-officialité de la langue corse, le président a déclaré qu’il souhaitait que celle-ci soit mieux enseignée et placée au cœur de la vie de chaque Corse, en créant un service public de l’enseignement du bilinguisme.
En ce qui concerne le statut de résident pour lutter contre la dépossession foncière, Emmanuel Macron a reconnu l’existence d’une situation immobilière et foncière insoutenable en Corse. Il a appelé à la mise en place de dispositifs, notamment fiscaux, pour combattre la spéculation immobilière, tout en respectant le droit européen.
Quant à la demande d’inscription de la notion de « peuple corse » dans la Constitution, le président a proposé de reconnaître une « communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle ».
Un pouvoir législatif pour l’Assemblée de Corse
Concernant le souhait des nationalistes de confier un pouvoir législatif à l’Assemblée de Corse, Emmanuel Macron a appelé à rendre plus simple et plus effectif le droit d’adaptation et le droit d’habilitation. Il s’est déclaré favorable à ce que l’île puisse définir des normes sur des matières transférées, mais sous l’autorité du Conseil d’État.
Le président a donné six mois aux groupes politiques corses pour parvenir à un accord avec le gouvernement afin de rédiger un texte constitutionnel et organique qui pourra ensuite être présenté à Paris. Il s’agit d’une étape importante dans le processus visant à accorder une plus grande autonomie à la Corse.
Réactions des élus corses
Les élus nationalistes corses ont accueilli le discours du chef de l’État avec optimisme. Jean-Christophe Angelini, leader des autonomistes d’opposition, s’est dit « satisfait et prudent ». Jean-Félix Acquaviva, du parti autonomiste Femu a Corsica, a reconnu que le président de la République avait ouvert le jeu. En revanche, Paul-Félix Benedetti, leader des élus du parti indépendantiste Core in Fronte, estime que le discours manquait de fermeté.
Les élus de droite, quant à eux, se sont montrés plus favorables. Jean-Martin Mondoloni, chef de file de l’opposition régionale de droite, a estimé que le président avait trouvé les mots justes.
Hommage aux résistants corses
Après son discours politique, Emmanuel Macron a rendu hommage aux Corses résistants à l’occasion du 80e anniversaire de la libération de l’île en 1943. Il a salué la mémoire de Fred Scamaroni, résistant corse, ainsi que celle de Danielle Casanova, résistante communiste corse morte en déportation à Auschwitz. Le chef de l’État a souligné l’importance de célébrer les héros pour ne jamais les oublier.
Emmanuel Macron s’est ensuite rendu à Bastia pour assister à une prise d’armes en présence d’unités militaires liées à la libération de la Corse. Il a également rendu hommage au résistant Albert Ferracci au collège qui porte désormais son nom à Bonifacio, en Corse-du-Sud. La Corse a été le premier territoire français libéré lors de la Seconde Guerre mondiale, grâce à une insurrection populaire et à l’aide des troupes françaises d’Afrique.
Source : RCI