Nous évoluons et changeons constamment notre identité à mesure que nous découvrons le monde, comme l’a si bien dit Edouard Glissant, poète et philosophe.
Jouer avec l’héritage d’Edouard Glissant
Héla Fattoumi et Eric Lamoureux ont présenté leur nouvelle création en Martinique à Tropiques Atrium, provoquant une émotion palpable. Ces deux chorégraphes, qui évoluent dans le monde de la danse contemporaine depuis plus de vingt ans, poursuivent inlassablement leur quête commune, alimentée par la mise en relation des imaginaires. Ils se nourrissent de la pensée d’Edouard Glissant, chantre de la créolisation.
Une troupe de dix danseurs, dont une martiniquaise
La compagnie Viadanse compte parmi ses membres Yaël Réunif, une danseuse martiniquaise récemment arrivée. Elle déclare que le Bèlè et la culture antillaise ont influencé son style de danse et sa manière de se mouvoir sur scène. Les autres danseurs, qu’ils viennent de France, d’Égypte, de Tunisie, du Maroc, du Sri Lanka, de Madagascar ou de la Martinique, dansent également en accord avec leur identité culturelle.
La puissance de la dissemblance
La présence de ces danseurs aux cultures chorégraphiques différentes incarne la notion de « puissance de la dissemblance », qui selon les chorégraphes, est un vecteur de transformation et d’élargissement de l’imaginaire du groupe.
L’imprévisible liberté de la musique Jazz
Le spectacle offre un espace sonore, visuel et immersif où tout semble s’inventer en temps réel. La musique, composée et interprétée par le saxophoniste Raphaël Imbert, mélange jazz et blues avec des improvisations. Elle est enrichie par les boucles musicales informatiques imaginées par Benjamin Lévy, réalisateur informatique. De grandes voiles translucides manipulées par les danseurs créent différents niveaux de perception et servent également de surfaces de projection vidéo, faisant apparaître des fragments de paysages évoquant les quatre éléments.
Pour aller plus loin
Edouard Glissant définit le « Tout-monde » comme notre univers en perpétuel changement, où les échanges sont constants. C’est également la vision que nous en avons. Il invite les poètes à plonger dans l’imaginaire de cette totalité-monde, afin de chanter, raconter et travailler sans se limiter à un seul lieu. Les poètes d’Occident ont été maudits car ils n’ont pas consenti à cette ouverture à l’époque où seul le lieu était valorisé. Aujourd’hui, la conjonction des histoires des peuples offre aux poètes une nouvelle façon d’appréhender la mondialité, loin de toute généralisation et en se nourrissant des poétiques propres à chaque culture.
Source : RCI