L’aquaponie, une méthode de culture innovante

L’aquaponie est une méthode de culture qui se base sur l’utilisation des déchets produits par les poissons comme source de nutriments pour les plantes. Ce système fermé permet de maintenir un environnement sain pour le développement des poissons tout en fournissant une culture maraîchère. Cette technique offre une solution alternative intéressante pour l’agriculture locale, notamment dans les territoires d’outre-mer. Frédéric Galan, ingénieur agronome et directeur de l’IDDOM, souligne que l’aquaponie pourrait résoudre certaines problématiques rencontrées par les agriculteurs locaux. En effet, cette technique peu coûteuse permet de produire des protéines, des légumes, des fruits et des herbes aromatiques à domicile, contribuant ainsi à la souveraineté alimentaire. De plus, l’aquaponie offre des perspectives de développement de cultures dans les zones urbaines, en complément des exploitations agricoles traditionnelles. Dans les régions tropicales, cette méthode de culture peut être efficace tout au long de l’année, contrairement à d’autres régions géographiques. Elle pourrait également permettre le retour de cultures sur des parcelles contaminées par des pesticides, comme c’est le cas dans les territoires marqués par la pollution au chlordécone.

L’aquaponie séduit de plus en plus de Guadeloupéens

De plus en plus de Guadeloupéens se lancent dans l’aquaponie pour produire leur propre alimentation à domicile. L’Association Aquaponie en Action (AAA) accompagne depuis 2016 ceux qui souhaitent se lancer dans ce projet. Elle compte aujourd’hui une centaine de membres. Karim Kebaili, co-président de l’AAA, explique que la plupart des adhérents sont des Guadeloupéens soucieux de leur sécurité alimentaire et qui voient dans l’aquaponie un moyen de contrôler leur consommation. Concrètement, l’association forme et aide les porteurs de projets dans la construction de leur installation domestique ou collective. En 2019, l’AAA a mis en place un jardin collaboratif à Pointe-à-Pitre, dans le quartier de Lauricisque, dans le but de développer la souveraineté alimentaire aux Antilles grâce à l’aquaponie urbaine. Cette installation a apporté de la biodiversité et de la vie de quartier au sein de la résidence. Les membres de l’association participent activement à la pérennisation du jardin, certains venant même de communes voisines pour y prendre part. Murielle, une résidente, fait partie de l’équipe qui nourrit les poissons et entretient le jardin. Au départ sceptique, elle est désormais convaincue de l’efficacité de cette pratique et encourage les Guadeloupéens à se lancer. Son fils Stéphane, âgé de 17 ans, nourrit également les poissons chaque jour et envisage de créer sa propre exploitation agricole à l’avenir.

Un jardin solidaire pour les membres de l’AAA

Le jardin collaboratif de Lauricisque fournit gratuitement des produits frais et des herbes aromatiques à tous les membres de l’association. Lorsque les poissons arrivent à maturité, l’AAA organise un grand barbecue qui rassemble tous les adhérents. L’association met également en place régulièrement des ateliers ouverts au grand public. Les efforts communs de l’AAA ont été récompensés en 2020, lorsqu’elle a été lauréate Outre-mer de la France S’engage dans la catégorie « Santé, transition écologique » pour son projet « Jardin des toits-aquaponie Antilles ». Frédéric Galan, directeur de l’IDDOM, est convaincu du potentiel solidaire de l’aquaponie. Il estime que cette technique pourrait être utilisée dans les EHPAD pour fournir des produits locaux et des activités aux résidents, qui pourraient ainsi cultiver leurs propres fruits et légumes sans les contraintes physiques d’un jardin traditionnel. De plus, les systèmes aquaponiques pourraient être installés dans les établissements scolaires et servir de ressources concrètes pour l’enseignement de la biologie aux élèves. Des projets sont déjà en cours de développement dans certains établissements en Guadeloupe. Cependant, se lancer dans l’aquaponie demande une certaine technicité et nécessite des formations pour les professionnels et les particuliers. Frédéric Galan est convaincu que le développement de fermes aquaponiques pourrait apporter de nombreux avantages à l’ensemble de l’archipel. En juin dernier, il a présenté les opportunités de l’aquaponie tropicale à Arnaud Martrenchar, Délégué Interministériel à la Transformation Agricole des Outre-mer à Paris. En Martinique, un projet pilote est en cours d’instruction par la Collectivité Territoriale, et les autorités travaillent sur des moyens efficaces d’encadrer le développement de cette filière innovante aux Antilles.

Source : RCI