Entouré de ses proches, notamment son père, ainsi que des membres de son comité de soutien local et national, des parlementaires martiniquais et du maire du François, Olivier Dubois était au centre de toutes les attentions ce mercredi.
Une reconnaissance bien méritée
A l’Appaloosa, il a reçu la médaille de la ville, en témoignage de gratitude pour son courage. Les discours prononcés lors de cette cérémonie étaient empreints d’une forte émotion.
Plus tard dans la journée, Olivier Dubois, jovial et attentif malgré les 711 jours de captivité qu’il a endurés, a décroché la banderole affichée devant la mairie du François avec son visage et le message « Free Olivier Dubois ».
Un entretien avec Cédric Catan
Avant cet événement marquant de la journée, Olivier Dubois a accordé une interview à Cédric Catan, toujours patient et attentif envers les autres.
Interview :
Cédric Catan : Un premier mot sur ces premiers pas en Martinique. Ça vous a fait quoi de revenir en Martinique ?
Olivier Dubois : Il y avait une fois où j’avais cinq ans. Les souvenirs sont fragmentaires, il n’y a pas grand-chose. Et puis, aujourd’hui, à 49 ans, j’apprécie tout ce que je vois. Pendant que j’étais là-bas, je pensais à des choses agréables, à des moments de ma vie. La Martinique en faisait partie et je la visualisais un peu dans mon imagination.
C.C. : Vous aviez toujours la Martinique dans un coin de votre tête ?
O.D. : La Martinique était une échappatoire. Quand on est en captivité, on pense à des choses qui nous font plaisir, à des moments de notre vie. La Martinique en faisait partie, mais j’avais une image de la Martinique car je ne l’avais pas encore revue. Maintenant, c’est concret depuis que je suis revenu. C’est concret avec ma famille, c’est concret avec cette magnifique île aux fleurs que je découvre depuis trois jours.
Je ne dors quasiment pas
C.C. : Durant tout ce temps passé en captivité, comment fait-on pour tenir ? À quoi s’accroche-t-on ?
O.D. : On s’accroche parce qu’on a des enfants. On s’accroche parce que c’est une injustice. Pour moi, c’était une injustice que j’ai vécue. Et une injustice vous met en révolution. C’est ça, elle vous fait vous lever. Donc on s’accroche à ce que nous sommes d’abord, à ce que nous aimons et enfin à ce que nous voulons, c’est-à-dire la liberté. Il faut aller la chercher à tout prix.
C.C. : Quand vous avez réalisé que vous étiez finalement captif, otage, comment avez-vous réagi ?
O.D. : J’ai réalisé cela dès le premier jour, quand j’ai été kidnappé, placé dans une voiture et qu’on m’a bandé les yeux. Mais je pensais que c’était une erreur. J’avais préparé mon sujet. Vous êtes journaliste, vous savez ce que cela signifie. J’avais un fixeur et je pensais que tout allait bien. Et il m’a fallu six, sept jours pour vraiment comprendre que cela allait être une longue période et qu’il fallait que je m’habitue et que je trouve une autre issue.
C.C. : On ne revient pas indemne d’une captivité. On se reconstruit. Ça prend du temps. Où en êtes-vous ?
O.D. : Je suis en pleine reconstruction. Je suis suivi. Je suis quelqu’un qui dort très peu. Depuis que j’ai été libéré, je ne dors quasiment pas. Cela laisse des traces.
C.C. : Vous vous réveillez encore la nuit ?
O.D. : Oui, bien sûr, cela laisse des traces. Maintenant, le travail consiste à faire en sorte que cela reste des souvenirs. Je ne pourrai jamais oublier ce qui s’est passé, mais il faut que cela reste des souvenirs et non des blessures.
Visionnez la version intégrale de l’entretien accordé par Olivier Dubois à Cédric Catan. Ce jeudi matin, il est l’invité de la rédaction à 7h30 :