Reprise du procès d’Adecco pour discrimination à l’embauche et fichage racial
Après une seule journée d’audience en septembre, le procès du géant de l’intérim Adecco et de deux de ses anciens directeurs, accusés de discrimination à l’embauche et de fichage à caractère racial, reprendra demain devant le tribunal judiciaire de Paris.
Des anciens salariés et des associations antiracistes accusent Adecco d’avoir mis en place un système discriminatoire basé sur la couleur de peau, via un fichier appelé « PR 4 » comportant les noms de 500 intérimaires noirs.
Le débat sur la signification du critère « PR 4 »
Lors des débats de septembre, l’un des anciens directeurs d’une agence parisienne d’Adecco avait affirmé que le critère « PR 4 » ne désignait pas la couleur de peau, mais plutôt un mélange d’expérience professionnelle et de savoir-être du candidat.
Les accusés, Adecco en tant que personne morale, ainsi que les anciens directeurs de l’agence visés par la plainte, Olivier P. et Mathieu C., rejettent ces accusations de discrimination et de fichage « en raison de l’origine, de la nationalité ou de l’ethnie ».
Ces faits remontent à plus de vingt ans, et une information judiciaire avait été ouverte à Paris en 2001 suite à une plainte de SOS Racisme.
Le témoignage du lanceur d’alerte
Pendant l’audience de septembre, le lanceur d’alerte, ancien salarié de l’agence Adecco restauration Montparnasse, a témoigné sur les six mois qu’il a passés en tant que stagiaire, affirmant avoir reçu l’instruction de mettre une indication pour chaque candidat.
Il a expliqué : « Lorsque la personne présentait bien, je devais mettre PR 1, un peu moins je devais mettre PR 2, et pour une personne de couleur, une personne noire, je devais mettre PR 4 ». Ce témoignage vient appuyer les accusations de discrimination.
Les explications d’Adecco
Adecco reconnaît l’existence de la codification « PR 4 », mais conteste le fait qu’il s’agisse d’une référence à la couleur de peau des intérimaires.
Le groupe affirme que les personnes classées « PR 4 » étaient celles susceptibles d’avoir des difficultés en mission. Parmi ces difficultés, un ancien directeur a évoqué des problèmes tels que l’incapacité de bien se présenter, de lire ou d’écrire, ou de parler français.
L’agence Adecco, spécialisée dans l’hôtellerie, travaillait notamment avec le ministère des Affaires étrangères, Eurodisney et la Société des wagons-lits.
Les sanctions encourues
En cas de condamnation, le groupe Adecco risque une amende de 1,65 million d’euros. Les deux anciens cadres de l’agence encourent quant à eux une amende de 330 000 euros chacun, ainsi qu’une peine maximale de sept ans d’emprisonnement.
Source : RCI