Un déséquilibre de genre dans le nouveau gouvernement français

Le nouveau gouvernement français dirigé par Gabriel Attal compte sept hommes et sept femmes, ce qui semble équilibré au premier abord. Cependant, une analyse plus approfondie révèle un déséquilibre flagrant. En effet, tous les hommes occupent des postes de ministres à part entière, tandis que trois femmes sont simplement « déléguées auprès du Premier ministre ». Cette disparité est d’autant plus frappante lorsque l’on observe la répartition des postes clés : Bruno Le Maire à Bercy, Gérald Darmanin à Beauvau, Sébastien Lecornu aux Armées, Eric Dupond-Moretti à la Place Vendôme et Stéphane Séjourné au Quai d’Orsay. Dans tous ces ministères importants, ce sont des hommes qui ont été nommés.

Il convient de souligner que cette situation contraste fortement avec celle du gouvernement précédent dirigé par Bernard Cazeneuve en 2016. À l’époque, le président Emmanuel Macron avait veillé à réserver au moins un portefeuille régalien aux femmes, avec Florence Parly à la Défense et Nicole Belloubet à la Justice. De plus, après sa réélection, il avait nommé Catherine Colonna aux Affaires étrangères et surtout Elisabeth Borne à Matignon. Cette politique visant à promouvoir la participation des femmes dans des postes de pouvoir avait été saluée.

Les critiques envers le manque de représentation féminine

Cependant, le gouvernement Attal suscite des critiques quant à son manque de représentation féminine. Laurence Rossignol, sénatrice socialiste, déplore que les femmes régressent dans cette équipe gouvernementale « très masculine ». Elle prend notamment l’exemple d’Aurore Bergé, qui a été « rétrogradée » des Solidarités à l’Égalité femmes-hommes, une grande cause nationale que le président semble ne pas considérer comme prioritaire, selon Sébastien Chenu, député du Rassemblement national.

Ces critiques s’inscrivent dans un contexte plus large de reproches adressés à Emmanuel Macron concernant son engagement envers l’égalité des sexes. Il a été accusé de ne pas mettre en œuvre les actions nécessaires pour promouvoir cette cause, malgré sa volonté de surfer sur la vague du mouvement #MeToo lors de son arrivée au pouvoir. Par ailleurs, sa réaction face aux accusations de viol et d’agression sexuelle visant Gérard Depardieu, qui a suscité une vive polémique parmi les défenseurs de la cause féministe, est également critiquée. Brigitte Macron elle-même a rappelé « l’importance de la parole des femmes » pour marquer sa prise de distance avec cette affaire.

Marine Tondelier, la présidente des Ecologistes, déplore quant à elle « le mépris des femmes » de la part d’Emmanuel Macron, allant jusqu’à affirmer qu’il a composé son gouvernement avec Gérard Depardieu. Sandrine Rousseau, députée écologiste, critique également cette situation en parodiant une célèbre réplique de l’acteur dans le film « Les Valseuses » : « On est bien là, à la fraîche, décontractés de la grande cause ».

Des femmes présentes, mais dans des ministères genrés

Malgré ces critiques, il convient de noter que les femmes ne sont pas totalement absentes de ce gouvernement. Catherine Vautrin a été nommée à un grand ministère social regroupant le Travail, la Santé et les Solidarités. Cette nomination a été saluée par l’intéressée, qui a affirmé que « la place des femmes est partout » et qu’elle en ferait le fil conducteur de son action. Par ailleurs, la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, connue pour son indépendance, a souligné qu’elle défendrait la liberté de pensée, de parole, de création et de diffusion, en particulier pour les femmes. De plus, pour la première fois dans l’histoire de la Cinquième République, les Relations avec le Parlement ont été confiées à une femme, Marie Lebec.

Cependant, les féministes s’inquiètent du fait que les femmes se voient confier des ministères « genrés », tels que la Santé, le Social ou l’Éducation. Selon Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, cette répartition rend difficile la conciliation des différents combats menés par ces ministères. De plus, il est à craindre que les femmes soient sous la tutelle des hommes, comme c’est le cas pour Amélie Oudéa-Castera, qui est chargée de l’Éducation nationale et des Sports, mais semble déjà être sous l’influence de Gabriel Attal, qui porte la cause de l’école avec lui.

La nécessité d’une égalité réelle

Catherine Colonna, lors de son départ du Quai d’Orsay, a souligné que l’égalité entre les femmes et les hommes doit également s’exprimer au sein des ministères régaliens. Ce message a été transmis à son successeur, Stéphane Séjourné, un homme dont elle ne doute pas qu’il agira avec la même conviction. Il est donc crucial de veiller à ce que cette égalité de genre soit réelle et effective dans tous les domaines du gouvernement français.

Source : RCI