Les cimetières de Martinique sont éclairés de mille feux en ce Jour des défunts. Les familles viennent se recueillir sur les tombes de leurs proches décédés. Ces illuminations ont commencé hier soir, avec des bougies allumées en souvenir des êtres chers disparus.
Un moment de recueillement important
En ce jour spécial, les souvenirs remontent pour beaucoup de personnes, comme en témoignent Stéphanie et Noella au cimetière du bourg de Schoelcher. Stéphanie partage : « Il y a deux ans, j’ai perdu mon frère puis ma mère le lendemain. Je tiens à les honorer. Pour moi, c’est une façon de montrer que nous sommes toujours là avec eux, même s’ils ne sont plus là ». Noella, une riveraine, ressent également les souvenirs d’enfance et la nostalgie : « Il y a des souvenirs d’enfance qui remontent. Avec les rencontres avec les copains d’avant ou la famille que nous ne voyons pas souvent ».
Au cimetière du bourg de Schoelcher, une mère de famille est venue accompagnée de ses deux filles âgées de 6 et 12 ans. Elle explique pourquoi cette transmission lui tient à cœur : « J’estime qu’il faut transmettre la culture et pour moi, la Toussaint en fait partie. Faire venir les enfants, leur expliquer l’origine de la fête et surtout leur parler des membres de la famille défunts, c’est important à mes yeux ».
Une tradition en voie de disparition ?
Cependant, certains observateurs estiment que les comportements évoluent et que les traditions tendent même à disparaître, selon le sociologue Moise Udino. Cela concerne notre rapport aux défunts, mais aussi notre rapport au deuil et au souvenir des êtres disparus. « Nous faisons fi du deuil et de la mort. Nous aurions pu garder nos pratiques ancestrales, mais les pompes funèbres sont venues remplacer cette tradition, ce qui fait que l’individu est déchargé de cette pratique », déclare-t-il.
Le sociologue souligne également l’évolution des pensées sur la crémation : « Avant, nous ne brûlions pas les corps car il était dit que ce serait les envoyer en enfer. Aujourd’hui, il est plus simple de les brûler car cela enlève l’obligation, consciemment ou inconsciemment, d’aller voir l’autre et de nettoyer la tombe chaque année ».
Source : RCI