Un accident mortel causé par des négligences

Le mardi 18 février 2020, deux hommes ont perdu la vie sur la RN2, en face de la gendarmerie de Case-Pilote. Vers 10 heures, ils ont perdu le contrôle de leur camion de fosse septique. Trois ans et demi plus tard, le gérant de l’entreprise ADP Caraïbes, Ugo Fidelin, a comparu devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France. Il était jugé pour homicide involontaire en tant que personne physique et morale. La justice lui reproche de nombreuses négligences et manquements ayant conduit à cet accident mortel. Le prévenu a admis ses erreurs dès le début de l’audience, affirmant ne pas avoir voulu causer cet accident.

De nombreux dysfonctionnements mis en évidence

L’enquête a révélé plusieurs dysfonctionnements liés à l’entreprise ADP Caraïbes : absence de contrôle technique depuis 2015, absence d’extincteur, d’assurance et ceintures de sécurité défectueuses. De plus, le camion accidenté présentait une défaillance de freinage en raison d’un mauvais entretien et ne disposait d’aucun dispositif pour limiter sa vitesse compte tenu de son poids. Les salariés de l’entreprise n’avaient également reçu aucune formation en matière de sécurité. Les investigations de la gendarmerie ont révélé qu’un rendez-vous avait été pris pour réaliser le contrôle technique du camion deux heures seulement après l’accident, mais l’enquête n’a pas pu déterminer qui a passé cet appel. Avant cet accident, des négligences avaient déjà été signalées concernant l’entreprise.

Des alertes ignorées

La mère d’une des victimes a révélé lors de l’audience que son fils, qui conduisait régulièrement ce camion, lui avait confié qu’il « sentait venir sa mort ». Le père de l’autre salarié décédé, qui avait lui-même travaillé pour l’entreprise, avait déjà alerté sur les manquements en matière de sécurité. Il affirme avoir interpellé Ugo Fidelin devant des témoins en lui prédisant un malheur et un décès, et déplore maintenant la perte de son propre fils. Selon lui, le prévenu ne réparait pas les camions, il les « bricolait ». Pour le procureur de la République, la culpabilité du prévenu est indéniable. Il a requis une peine de 12 mois de prison, dont une partie assortie de sursis, ainsi qu’une interdiction de gérer une entreprise dans le même domaine et une amende de 100 000 euros pour ADP Caraïbes.

La décision attendue pour le 2 octobre

A l’issue des plaidoiries de la défense et des parties civiles, l’affaire a été mise en délibéré et le jugement sera rendu le 2 octobre. En fin d’audience, Ugo Fidelin s’est excusé une nouvelle fois auprès des familles endeuillées.

Source : RCI