Une structure associative au cœur d’un quartier paupérisé
Installée depuis plus de 30 ans dans un quartier extrêmement paupérisé de la capitale haïtienne, une structure associative offre un rare répit aux habitants. Contrôlée à 80% par les gangs, elle est considérée comme une « zone de non-droit », selon les mots de son fondateur, Jose Ulysse.
Cette structure associative prend en charge principalement les nourrissons et les enfants en bas âge. Ils sont soit emmenés par leur mère, soit adressés par des associations ou des prêtres. Le directeur explique que chaque jour, environ 120 à 160 enfants sont accueillis pour des vaccinations, ce qui permet également de faire des dépistages, notamment de malnutrition.
Il y a quelques années, une dizaine d’enfants étaient pris en charge chaque jour, mais aujourd’hui, ce sont 40 à 50 enfants qui ont besoin d’aide nutritionnelle, déplore M. Ulysse.
Face à l’explosion des cas de malnutrition
Face à cette explosion des cas de malnutrition, le centre opère un tri. Les cas les moins graves rentrent chez eux après quelques examens, tandis qu’une aide nutritionnelle est fournie à leur famille. Les cas les plus critiques sont hospitalisés.
Dans certaines situations, les enfants sont carrément squelettiques et ont du mal à respirer, explique le directeur.
Ces enfants, âgés de quelques semaines à deux ans, présentent des symptômes tels qu’un visage émacié, des côtes saillantes, un abdomen gonflé et du rachitisme. Ils sont souvent sujets à des complications médicales.
Le centre de santé, soutenu par l’Unicef, est l’un des rares encore ouverts dans la capitale haïtienne, qui est minée par la violence des gangs depuis plusieurs années.
Violence des gangs et conséquences sur la population
La violence des gangs a entraîné une augmentation de 30% en un an de la malnutrition aiguë sévère chez les enfants en Haïti, selon les chiffres publiés par l’Unicef. Près d’un enfant sur quatre souffre désormais de malnutrition chronique, et il est prévu que 115 600 enfants souffriront de la forme la plus mortelle de dénutrition en 2023.
Cette situation est due à la crise sécuritaire et politique chronique que traverse le pays, ainsi qu’à la résurgence inquiétante des cas de choléra. De plus en plus de parents n’ont plus les moyens de fournir des soins et une alimentation appropriés à leurs enfants, déplore l’Unicef.
La violence a des conséquences sur tous les aspects de la vie de la population haïtienne : la santé, l’économie, le commerce, détaille M. Ulysse, le directeur de la structure associative.
En effet, la violence est omniprésente, avec des tireurs embusqués sur les toits, des viols utilisés comme arme, des enlèvements et des meurtres.
Source : RCI